Des montagnes de denrées invendues quittent chaque jour les rayons des supermarchés pour finir à la benne, alors qu’une partie pourrait encore nourrir. Derrière ce gâchis, une mécanique bien huilée, des habitudes, et parfois un peu d’aveuglement. Pourtant, des pistes concrètes existent pour changer la donne, et dans les allées de la grande distribution, la marge de progression reste immense.
Identifiez la source du gaspillage alimentaire dans votre grande distribution
Limiter le gaspillage alimentaire en magasin commence par un diagnostic sans concession. La « casse », ce qu’on jette, a mille visages : surplus de stock, erreurs dans les commandes, produits dont la saison passe sans prévenir, ou encore les effets des tendances de consommation qui filent à la vitesse d’un buzz sur les réseaux sociaux. Pour y voir clair, rien ne remplace les tournées de plancher régulières. Ce sont elles qui offrent un instantané fidèle de la situation et permettent de repérer les points faibles.
Observer le terrain, c’est prendre le pouls de chaque rayon, saisir les raisons précises pour lesquelles certains produits alimentaires finissent tristement à l’arrière du magasin. Ces observations donnent des chiffres, mais surtout des leviers pour agir. En gardant le contact direct avec la réalité du plancher, les responsables peuvent ajuster les commandes, revoir les procédures et, surtout, agir avant que la nourriture ne devienne un déchet.
Offrez des promotions dans vos magasins
Dans la lutte contre le gaspillage, la politique de rabais a fait ses preuves. Dès qu’un produit alimentaire approche de sa date limite, il ne s’agit plus de tergiverser : place aux promotions ciblées, à l’étiquetage attractif, au « deuxième à moitié prix » qui séduit le client pressé. Les réglementations sur les dates de péremption imposent leur rythme, alors autant jouer avec intelligence.
Ce réflexe, de plus en plus adopté dans la grande distribution, transforme des invendus en achats malins. Le consommateur, lui, profite d’un prix réduit et d’un geste responsable. Pour les magasins, c’est un moyen efficace de limiter les pertes, de vider les rayons avant que la poubelle ne devienne l’unique issue. Un pain de la veille vendu à prix doux, une barquette de fraises à déguster le soir même : chaque geste compte.
Maintenez des relations solides avec vos fournisseurs
La lutte contre le gaspillage alimentaire ne se joue pas seulement en bout de chaîne. Entre le supermarché et ses fournisseurs, la qualité du dialogue change tout. Une communication réactive permet d’ajuster les volumes commandés, d’éviter les arrivages mal calibrés, et de réagir rapidement si la demande change ou si un produit stagne dans les rayons.
Renforcer ces liens, c’est aussi pouvoir renvoyer certains lots ou organiser des opérations spéciales quand un stock menace de s’accumuler. Cette souplesse, souvent négligée, permet de limiter la casse en amont. Les responsables de la grande distribution qui prennent le temps d’échanger avec leurs fournisseurs constatent souvent une baisse mesurable du gaspillage. La clé : anticiper, collaborer, et oser remettre en question les routines.
Respectez les lois contre le gaspillage des produits alimentaires
Le cadre légal n’est pas en reste. En France, des textes comme la loi Garot ou la loi AGEC encadrent strictement la gestion des invendus alimentaires. Ceux qui dirigent une grande surface de plus de 400 m² n’ont plus le choix : les produits encore consommables doivent être donnés à des associations, et non jetés.
La loi AGEC, quant à elle, a renforcé les contrôles et les sanctions à l’encontre des enseignes qui dérogent à ces obligations. Pour les magasins, il s’agit donc de s’organiser, de former les équipes, et de documenter chaque don. La réglementation pousse à sortir de la facilité du tout-poubelle, et à inscrire la solidarité au cœur des pratiques commerciales.
À mesure que ces solutions se généralisent, la vision des rayons change : moins de pertes, plus d’initiatives, et des habitudes qui évoluent. Qui sait, peut-être qu’un jour, la mention « casse » résonnera comme un lointain souvenir dans les coulisses de la grande distribution.

